10 mars 2009 jour J opération de bentall

Donc, le mardi 10 mars, vers 5h30, l’infirmière est venue me réveiller pour que je prenne ma douche à la Bétadine, que je me rince encore la bouche à la Bétadine également. J’ai enfilé la jolie blouse blanche avec des petits motifs triangulaires bleus, j’ai enfilé les chaussons de protection, puis l’infirmière m’a badigeonné littéralement de Bétadine, sur tous les côtés, comme un poulet qui va passer au four…Puis elle a caché mes cheveux dans une charlotte.

Entre temps, elle m’avait redonné « un petit cachet », mais j’étais consciente de ce qui se passait autour de moi. Elle m’a alors demandé de m’allonger sur le brancard, et nous avons quitté la chambre pour l’ascenseur qui menait au bloc opératoire. Je me souviens de ce plafond avec des ronds, tout en alu, très design. Bien sûr je n’étais pas rassurée, mais je n’éprouvais pas de véritable peur. Je me disais «  ça y est, depuis le temps qu’on en parle, ça y est, tu vas toucher au but ».

Le Bloc opératoire.

Que de monde pour moi ! Des infirmiers, des infirmières, qui préparaient chacun ce qu’ils avaient à préparer, l’anesthésiste m’a parlé très gentiment, m’a dit qu’elle allait m’injecter à nouveau un calmant. Je me souviens que la personne disait que j’avais dit que je faisais 63 kgs, et là j’ai dit « non, à ma dernière p pesée je faisais 65 kgs car cette dernière semaine je me suis lâchée sur le Nutella… »

L’anesthésiste a souri en disant qu’à 2 kgs près il n’y aurait aucun problème, la dose était la même…

Puis un infirmier au dessus de moi m’a dit «  madame vous allez maintenant respirer dans ce masque, et vous endormir tout doucement ».  Et je me suis  endormie, confiant mon corps à une équipe médicale en qui j’avais mis toute ma confiance, et notamment en mon chirurgien, le docteur Eric Arnaud-Crozat.

L’opération a duré plus de 4 heures. Le chirurgien a rencontré mon chéri après l’opération à la cafétéria de la clinique pour lui dire que tout s’était  bien passé, que je me trouvais en réanimation. Mon chéri a donc pu rassurer toute la famille, en commençant par ma maman.

Je me suis réveillée je ne sais pas encore combien de temps plus tard, très calme, sous des lumières, sans ressentir de douleur particulière, sauf une gêne dans la bouche, j’étais encore intubée. Sensation bizarre, bouche sèche, à moitié ouverte, je ne sais pas combien de temps cela a duré avec précision, mais j’ai été désintubée rapidement. J’étais dans un état second, endormie mais consciente en même temps.

Je me suis rendue compte assez vite que comme on me l’avait dit, j’avais pas mal de tuyaux, raccordés à des appareils de surveillance, qui bipaient régulièrement. Un univers étrange, « la réa ».

Je n’avais pas conscience de l’heure, ce qui me préoccupait c’était de boire, j’avais la bouche desséchée, je somnolais bouche ouverte.

J’étais séparée par un paravent d’une autre personne dans la même pièce que moi. Tout était irréel, je n’avais pas la notion du temps, j’entendais les voix des infirmiers et des infirmières qui parlaient à haute voix, normalement. Des lumières  continuelles, des bips incessants. Je savais que ce moment serait le plus désagréable à passer, je m’y étais préparée auparavant. Mais ce que je n’avais pas prévu, c’était la compagnie de la douleur, à gérer avec la pompe à morphine. Pas une douleur aigue, mais une douleur diffuse dans le thorax, les jambes comprimées par des bandes de contention (pour éviter les risques de phlébite). Je me souviens que je n’osais pas bouger, tendre le bras vers le gobelet d’eau dès que j’ai eu la permission de boire était une aventure.

Je n’ai fait que somnoler, j’écoutais tous les bruits, mais je somnolais sans arrêt. J’avais en permanence dans les narines de l’oxygène, et une perfusion d’héparine je crois, un calmant.

Je n’avais pas faim, uniquement soif en permanence. Le chirurgien est passé me dire que tout s’était déroulé sans problème, et qu’il reviendrait me voir. J’avais du mal à garder les yeux ouverts, et ma voix était inaudible, je chuchotais en fait, je n’arrivais pas à trouver « le son ».

Vous vous demandez sans doute : avait-elle mal, ou bien la morphine et les calmants étaient-ils suffisant pour qu’elle ne ressente pas de douleur ?

Volontairement, je ne répondrai pas à cette question, car chaque personne réagit différemment à la douleur. Chaque organisme ne perçoit pas les mêmes sensations. Je ne me sens pas le droit tout simplement de dire si oui ou non j’ai souffert. Car des personnes vont lire ce blog, celles qui vont être opérées par exemple, et je ne peux dire qu’une chose : cette opération est qualifiée de chirurgie lourde, la voie thoracique est ouverte en deux, il est donc  évident que cela ne peut se faire sans douleur.

veille de l’opération 9 mars 2009

Le dernier article sur mon  blog parlait de la coronarographie, passée avec le cardiologue, le docteur Dreyfus.

Je vais donc reprendre mon récit….

Je suis entrée à nouveau à la clinique Belledonne le dimanche 8 mars 2009, à 16h30, pour « l’opération finale ». Rien n’a été fait de spécial, j’ai installé mes petites affaires dans mon placard.

Lundi 9 mars 2009, là les choses se rapprochent !

La nuit s’est bien passée malgré un réveil vers 4h, j’ai mis un peu de temps pour me rendormir. Vers 6h une infirmière est venue prendre ma tension, puis j’ai attendu le petit déjeuner, qui est arrivé à 7h30, je me suis régalée.

Puis 1ère douche à la Bétadine, corps et cheveux, ainsi que les dents. Coup de téléphone à mon chéri et à maman.

Ensuite prise de sang, puis prise du « temps de saignement » (c’est comme une égratignure sur le bras, et l’infirmière relève sur un disque en coton rond comme un coton démaquillant, les petites gouttes de sang à intervalles réguliers.)

J’ai reçu ensuite la visite de l’anesthésiste, une jeune femme très douce et rassurante. Elle m’a expliqué les étapes de l’anesthésie, puis je voulais savoir pourquoi le chirurgien m’avait parlé d’une éventuelle transfusion. Elle m’a donc expliqué que c’était au cas où  mon corps réagirait mal à la perte de sang occasionnée par l’opération, dans ce cas  on prélèverait donc mon propre sang qui passerait dans une machine pour le nettoyer et qui me serait transfusé.

Bon, j’attends mon plateau repas, je ne sais pas ce qu’il faudrait pour me couper l’appétit !

J’ai même pris soin de noter ce qui m’a été servi : jus d’ananas, darne de thon au citron, champignons persillés, 1 portion de St Paulin, et comme dessert une mousse au citron ….j’ai tout mangé….

On m’a prévenue que j’aurai une collation vers 15h et qu’après il faudrait faire le lavement (Normacol).

Le chirurgien est passé me voir vers 13h, toujours aussi rassurant et souriant. Il m’a confirmé que je passais en 1er le lendemain matin, que l’on viendrait donc me chercher pour le bloc opératoire vers 5h du matin. Sachant que je devrais être prête cad douchée à la Bétadine et revêtue de la jolie  blouse d’opérée.

Même jour à 20h35. J’ai eu au téléphone tous mes proches, c’est dur pour eux de devoir attendre…moi je me dis que je serai endormie… Je me sens tout de même fatiguée, je vais donc refermer ce cahier dans lequel  je note toutes ces étapes, vivement que je l’ouvre à nouveau et que je sois capable d’écrire la suite…

Dans ma tête j’ai remercié ma famille pour sa présence, je leur ai promis de ne pas les décevoir. A 21h55, je ne dors toujours pas, une infirmière m’apporte un cachet pour que je puisse dormir. J’ai noté dans mon cahier «  allez, à bientôt ! »

Forum HEART AND COEUR 7 mars 2009

Je suis contente d’avoir trouvé un forum qui rassemble les personnes porteuses d’une maladie cardiaque. Je peux « rencontrer » par ce forum des personnes qui ont déjà subi l’intervention de Bentall, ou qui vont bientôt la subir.

C’est très enrichissant ce genre d’échanges, je m’aperçois que la plupart sont vraiment effrayées de devoir être opérées…Eh bien je ne sais pas d’où me vient ce moral alors ? Là je vais aller me coucher, je sais que je vais dormir comme tous les soirs, et je me sens tout à fait prête à aborder la suite des évènements…
Je note ici le lien vers ce forum : http://www.heartandcoeur.com/

27 février 2009…le compte à rebours est lancé !

Oui le compte à rebours est lancé…..plus qu’une bonne semaine avant l’intervention maintenant, en fait je suis soulagée, car je me sens quand même plus fatiguée, et puis autant être après qu’avant ?

Mais je suis sereine, je n’ai pas « peur », en plus je suis allée à la clinique 2 jours en début de semaine pour la coronarographie, tout s’est bien passé, j’ai fait mon « repérage »…

En ce moment, je continue à bosser sur des transcriptions, mais là je suis un peu ko, je vais me coucher de bonne heure…

20 février 2009

La date se rapproche peu à peu, dans une grosse quinzaine de jours, j’aurai une nouvelle valve et une nouvelle « racine aortique »…

Après-demain je passerai la coronarographie, je n’appréhende même pas.

Voilà, c’est le week-end, lundi je ne serai donc pas là, et ensuite je pourrai vous donner plus de détails sur cet examen.

Coronarographie

article du 17/02/2009

Dimanche soir je rentre à la Clinique Belledonne pour la coronarographie. Je ressortirai le lendemain après-midi.

La coronarographie est une technique d’imagerie médicale utilisé en cardiologie pour visualiser les artères coronaires. C’est un examen médical complémentaire invasif qui utilise la technique de radiographie aux rayons X et l’injection d’un produit de contraste iodé.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Coronarographie

Réactions des gens…article publié le 17 février 2009

C’est curieux de voir la réaction des gens…Lorsque je parle de ma future opération, 85% des gens me disent : « oh maintenant ils font de ces choses quand même,  ça s’opère bien ! »….ou encore :

–  » ah oui je connais intel qui a été opéré, maintenant il va très bien ! »
– » ah bon on lui a remplacé aussi une valve et l’aorte ? »
– » euh , enfin je sais qu’il a été opéré du coeur, un pontage je crois ? »
– » donc ce n’est pas la même opération…. »
– » non mais enfin, c’est le coeur tout de même ! »….

Vous ne pouvez imaginer comme c’est déconcertant et oui un peu agaçant, que les gens commentent ce qu’ils ne connaissent pas ! Je préfererais entendre :  » ah opération du coeur c’est donc délicat, même si on sait que les chirurgiens sont performants  »

C’est comme ça , les gens veulent être agréables, ou rassurants, et ils répondent des phrases toutes faites….

Selon les personnes, soit je réponds oui bien sûr, tout va bien se passer….soit je me permets d’expliquer un peu que le coeur…c’est vaste ! On ne va pas dire à quelqu’un qui se fait opérer des amygdales que c’est comme l’appendicite non ?!

Du coup je me dis que c’est bien de faire ce blog, si ça peut au moins permettre à une personne de dire moins de phrases « au hasard »…

Jeudi 12 Février 2009 – Moral –

Malgré ce programme je sens que mon moral est bon. Je suis prête psychologiquement à vivre cette épreuve.

Je n’ai pas peur. Le chirurgien met en confiance, il est vrai que c’est vraiment important.  

Et puis le fait de comprendre, de savoir ce que l’on va me faire me rassure. Je m’attends à ces heures en réanimation, même si bien sûr, lorsque je les vivrai j’aurai sans doute un ressenti différent…Mais savoir me protège, je suis rassurée de savoir à quoi m’attendre.

Le chirurgien m’a décrit l’opération et les points les plus importants : ouverture du sternum, cicatrice, durée de la réanimation, j’aime bien que l’on me dise les choses franchement.

On n’a pas parlé du fait que je serai pendant un temps sous « CEC » (circulation extra corporelle) , mais bon je le sais. Je ne serai pas la première, ni la dernière…

C’est mon médecin traitant, qui a été opéré il y a 2 ans par ce même chirurgien, qui m’a parlé des méfaits de la morphine…La douleur serait insupportable sans la morphine, mais il faut après s’en défaire, et là on connait les difficultés de sevrage qui s’apparentent à un drogué (sic le docteur). Phase pénible donc, suées, hallucinations, frissons, peurs et angoisses, eh bien encore une fois, je préfère savoir que je risque de connaitre ces phases….

RENCONTRE AVEC LE CHIRURGIEN 11 FEVRIER 2009

J’ai rencontré le chirurgien  ce matin. Le docteur Eric ARNAUD CROZAT, je le trouve super : ouvert, souriant, chaleureux, et « protecteur ».
Il a confirmé les indications du cardiologue, à savoir qu’il préconise l’opération dite  » de Bentall ».

« Cette technique opératoire qui consiste à remplacer dans le même temps la valve aortique et la portion initiale de l’aorte avec réimplantation des artères coronaires est appelée intervention de Bentall. »

Tout est bien expliqué ici : http://www.adetec.net/chirurgie/index.php?page=dissection

Je serai opérée le 10 mars prochain.

Bicuspidie aortique, suite…

Qu’est-ce que la bicuspidie aortique ? La valve aortique se situe à la sortie du ventricule gauche qui éjecte dans l’aorte (gros vaisseau qui donne des vaisseaux pour tout l’organisme). Une valve aortique normale a trois feuillets valvulaires qui s’ouvrent et se ferment pour contrôler le flux dans l’aorte. Quand le cœur (ventricule gauche) se contracte, les feuillets valvulaires s’écartent. Quand ils se ferment, ils forment un sigle » mercedes » :      VALVE AORTIQUE NORMALE

A l’opposé dans la bicuspidie il n’y a que deux feuillets qui ont la forme d’une « bouche de poisson ».

Cette « anomalie » est aussi associée à une anomalie de la structure de l’aorte.