J’ai reçu une demande d’aide de Madagascar

J’ai reçu un mail ce matin que je vous livre :

« Bonjour!
J’ai lu votre témoingnage sur l’intervention à coeur ouvert que vous avez subie en 2009 . Mon père, agé de 56 ans, souffre de la maladie cardio vasculaire depuis 1995. La dernière analyse, effectuée en mai 2010, révele qu’une opération de remplacement  de la valve mitrale par une prothèse devra être effectué le plus vite possible. Nous vivons à Antananarivo, capitale de Madagascar. Nous n’avons pas les moyens de payer les coûts exhorbitants de l’intervention chirurgicale. Mon père n’a aucune ressource et ne bénéficie plus d’une couverture sociale après qu’il a été obligé de démissioner de la société TELMA (Telecom Malagasy) à cause de l’état de sa santé et des charges médicales y afférentes.
S’il vous plaît Madame, aidez nous! Pourriez vous nous indiquer des ONG ou des hopitaux qui pourraient prendre en charge cette opération.
Dans l’attente de la suite que vous voudrez bien me reserver, je vous remercie déjà!
Toutes mes excuses de vous avoir importuné!
A bientôt et merci encore! »

J’aimerais aider ces personnes,  je me sens doublement concernée : par la maladie cardiaque bien entendu, mais aussi parce que je connais un peu Madagascar, île visitée il y a déjà dix ans, je comprends bien la détresse de cette famille !

Un autre témoignage : Martial B. merci Martial !

Comme Benoît, Martial m’a autorisée à publier son témoignage. Martial habite pas loin de chez moi, nous avons parlé au téléphone, son expérience a été très difficile, je vous laisse lire…

« BJR à tous. je viens de me faire opérer à GRENOBLE au CHU le 15 fevrier dernier d’un Bental sur le segment 1 avec implantation d’une valve aortique mécanique. après 10 jours de convalesence je suis allé à echirolles hopital sud ou j’ai commencé ma rééducation. Au bout d’une semaine un scanner a révélé une collection infectieuse autour du bental avec persistance de fiévre je suis retouné à l’hopital nord pendant 4 semaines pour traitement en maladie infectieuse.

Un traitement de 3 antibiotiques ont permis de juguler l’infection et la collection est stable au dernier scanner de controle. On m’a autorisé a rentrer chez moi en HAD Hospitalisation à domicile avec un traitement de 3 mois minimum.le retour à la maison à apprieu fait du bien  mais on se retrouve seul avec sa maladie. n’ayant pas sommeil je suis tombé sur ce blog que je trouve trés intéréssant. je prendrai contact avec vous car il est vrai que le soutien d’autres personnes opérées est rassurant. merci d’avance à tous car je suis sur que nos échanges seront riches d’enseignements et surtout gardons le moral car c’est 90% de notre santé qui se joue uniquement DANS NOTRE TETE ET LA LECTURE DE CE BLOG M’ENCOURAGE encore plus à me battre. »

Témoignage de Benoît sur son opération, merci Benoît !

Je cite le témoignage de Benoît qui m’autorise à publier son témoignage.

« Je m’appelle Benoit, j’ai 31 ans et je viens de me faire changer ma valve aortique + un petit bout d’aorte (technique de Bentall) par un tube valvé en Dacron avec une valve mécanique St Jude.

Je voulais vous faire part de mon expérience pour rassurer les prochains sur la liste.

Le pourquoi de cette intervention ?

Ma valve aortique était bicuspide (2 feuillets au lieu de 3), dilatée et présentait une fuite importante de grade 2 – 3. Je n’avais pourtant pas de symptôme lorsque je faisais du sport (VTT, natation). En fait mon cœur compensait en battant plus fort ou parfois plus vite. Du coup il avait tendance à grossir et mon ventricule gauche est légèrement dilaté.  Tout ceci a été découvert en juillet 2009 lors d’un contrôle de routine  (mon généraliste a entendu un souffle au cœur), confirmé par une échographie cardiaque puis une ETO (la même via l’œsophage). Là on me dit, vous avez 2 ans pour faire l’intervention chirurgicale qui consiste à remplacer la valve malade + le bout d’aorte dilaté. On me conseille une valve mécanique compte tenu de mon âge (mécanique = garantie à « vie ») et du fait que je ne pratique pas un métier à risque (pas exposé aux coupures ou aux coups). Après avoir digéré toutes les informations et pesé le pour & le contre, mi-janvier, je programme l’intervention avec mon cardiologue, ça sera le 14 avril 2010.

Arrivée à la clinique

Arrivé le 12 avril à 16h00 à la clinique, on me saute dessus pour une batterie d’examens : prise de sang, vitesse de coagulation, pneumologue, ORL, radio dentaire et pulmonaire, scanner, urine etc. tout y passe jusqu’au 13 avril après midi. Ensuite on me laisse tranquille jusqu’au mercredi matin 07h30 en me donnant les dernières instructions (douche à la Bétadine, lavement etc. …). J’allais oublier une étape : le rasage intégral, si vous pouvez faite le avec une tondeuse avant d’arriver sur place 😉 Finalement toutes ces activités m’ont permis de ne pas trop penser à l’intervention et ça s’est déroulé sereinement.

L’intervention

Le 14/04 à 07h30, le brancardier arrive et me fait monter sur le brancard. Il m’enveloppe dans une couverture puis on arrive dans une salle près du bloc. Explications avec les infirmières et l’anesthésiste. Pose des premiers cathéters dans le poignet. C’est plus impressionnant que réellement douloureux  mais je suis très douillet. Petite anesthésie locale, on ne sent donc pas grand-chose. Ensuite arrivée au bloc : Houhou ça brille, on voit clair ici ! Apres quelques minutes la tête tourne puis … plus rien !

La réa

Le 14/04 dans l’après midi, je suis réveillé, dans un lit, cathéter dans le bras gauche, je constate que j’ai une sonde urinaire (ce n’est pas douloureux) et 1 drain (en fait 2 avec un Y) qui partent de mon ventre. Je ne suis pas intubé et je n’ai pas de douleur vive, juste des « courbatures ».  J’avoue perdre la notion du temps mais on vient me voir régulièrement, on me lave de la tête aux pieds pour enlever la Bétadine du bloc. Bref je suis en vie et tout va bien. On me poste un deuxième cathéter dans le cou (rien senti cette fois). Un truc a changé : j’entends mon horloge interne : le bruit de la valve mécanique me résonne dans la tête. Je vais mettre un petit temps à m’habituer. Le soir une infirmière me passera ma chérie au téléphone (c’est interdit normalement mais bon…) ça nous a fait du bien fou à tous les 2 de s’échanger quelques mots.  Ensuite s’enchainent les heures avec les nombreux contrôles, changement de perf, mise en place de l’héparine, mesure des urines, radios des poumons dans le lit etc. … les journées passent vite, les nuits sont plus longues. Les infirmières sont sympas on parle un peu, on découvre notre voisin de « chambre » même si je ne l’ai jamais « vu » car je ne pouvais pas tourner suffisamment la tête 😉 !

Le 16/04 au matin on m’enlève les drains. Là c’est vraiment le moment le plus désagréable de toute l’hospitalisation. Encore une fois je ne serais pas honnête si je disais que ça fait horriblement mal, c’est vraiment plus une sensation désagréable et surtout l’appréhension de sentir ces tuyaux se déplacer dans son propre corps. Si on suit bien les indications des infirmières (respirer, bloquer etc.…) ça doit bien se passer. Bref, une fois les drains enlevés et les trous cousus, la sonde urinaire retirée (aie !) la réa est terminé, on passe en post réa.

La post-réa

Du 16/04 au 19/04 c’est donc la post-réa. Là on est plus tranquille, les contrôles sont moins fréquents (prises de sang, radio) et on commence à me débrancher certaines choses. J’arrive à dormir, il m’arrive de ne plus entendre ma valve. (J’ai  toujours refusé  de prendre des cachets pour dormir, je voulais tout de suite pouvoir dormir avec mon tic-tac).

Le 17/04 première fois en position assise, les séances de kiné peuvent commencer !  On me retire les pansements, la cicatrice est superbe.  Le 18/04, premiers pas mal assuré, premier cachet d’AVK. Il me semble  …Le 19/04 je cours partout (enfin presque), j’ai toujours une perfusion d’héparine avec un pousse seringue qui m’accompagne partout où je vais. Le 19/04 au soir on me transfère en chambre classique compte tenu de mon état. Le bruit de la valve est toujours présent (impossible de le nier) mais je l’oublie et je n’en tiens plus compte 40% du temps.

Retour en chambre

Arrivée en chambre le 19/04 vers 19h00. Là commence la longue attente de :

– L’arrêt de l’héparine (qui assure le relais tant que les AVK sont pas à 100%)

– Mon retour à domicile

L’héparine sera arrêtée le 21/04 : c’est la libération, je peux bouger mon bras librement et gambader un peu partout.  A moi les premiers escaliers ! (chuuuut faut pas le dire). Point positif mon voisin de chambre est très sympa (et bavard pour 2) ça fait passer le temps. Les séances de kiné « couloir » s’enchainent sans problème. Le 23/4 c’est confirmé  je rentre chez moi le 24/4 car je suis « anti coagulé », un peu trop même. Le jour de la sortie on me retire les derniers fils on me donne tous les papiers et les séances de kiné sont programmées.

PS : Tout le long de la post réa et à mon retour en chambre, ma chérie et mes parents sont venus me rendre visite malgré la route et ça ça fait super plaisir J ! Je ne souhaitais pas qu’ils me voient en réa à cause des branchements divers & variés même si c’était possible. En tout cas je remercie toutes les personnes qui sont venues me voir ou ont pris des nouvelles ça fait chaud au cœur !

Home sweet home & le traitement

Retour en VSL à l’appartement. Le voyage a été bizarre, j’avais détendu la ceinture de sécurité pour la cicatrice. Une fois arrivé, la sensation est encore plus bizarre.  Je ne me sens pas encore chez moi 😉 ! Heureusement ça revient très vite. Première réjouissance : la nourriture ! Waouh c’est bonnnnnnn ! Ensuite direction la pharmacie à pied, à un rythme de sénateur. Les prochains jours vont être bien occupés entre le kiné (2 à 4 fois par semaine, séance de 2H et 1H de transport A/R), les prises de sang 3 fois par semaine (Lu-Me-Ve) pour l’INR, les visites, le repos, les petites ballades à pied etc.

Concernant le traitement je vais apprendre à gérer mon INR petit à petit, j’espère trouver un premier plateau de stabilisation d’ici 7 jours.  Pour le bruit de la valve, je l’entends toujours mais ça ne gêne plus que 20% du temps. D’ici quelques semaines ça devrait aller. Je pense retrouver 100% de mes capacités d’ici 3 à 6 mois et je devrais reprendre le travail dans le courant du mois de Juin. »

VISITE DE CONTROLE 2 MOIS APRES OPERATION

Ce matin j’avais rendez-vous avec mon chirurgien préféré pour la visite de contrôle après deux mois…Il m’a trouvé en pleine forme, mon coeur fait un boulot du tonnerre grâce à ma valve mécanique toute neuve …Il a vérifié l’état de mes cicatrices, elles sont belles, il m’a dit qu’il fallait compter un an pour qu’elles soient « blanches » et bien résorbées.

J’ai appris une chose intéressante, c’est que les tissus autour de la valve et du tube en dacron vont cicatriser également, et donc la valve fera peu à peu moins de bruit. Je dois dire qu’elle ne me gêne pas, son clic clac régulier me rassure en fait…

17 mars 2009…toilette seule et lavage des cheveux !

2ème jour de ma résurrection, très beau temps dehors.

J’ai passé la journée assise sur mon fauteuil, à regarder le paysage, à plaisanter avec les infirmières qui sont toutes adorables, j’ai fait des mots fléchés, et j’ai beaucoup écrit. Je n’arrive pas encore à fixer mon attention sur la lecture, (pourtant le livre « millénium 1 » est super).

Ce matin, évènement, j’ai fait ma toilette toute seule, dans la salle de bains, debout ! J’avais  bien sûr un cordon à disposition pour appeler les infirmières si besoin.  Et Sofia, la gentille aide-soignante m’a lavé les cheveux et fait un brushing !

Ca tombait bien car j’ai reçu la visite du docteur Pignard, et d’autres personnes de la famille, et encore d’un bénévole de l’association des opérés du cœur de Belledonne.

Vendredi 13 mars 2009, je quitte la réa pour aller dans ma chambre !

Les infirmières m’ont annoncé que je pouvais quitter la réa, et que j’allais monter dans ma chambre, j’avais insisté pour avoir une chambre individuelle.

Elles ont donc débranché tous ces fils, refait mes pansements, avant de me conduire dans ma chambre. Je ne me souviens pas si c’est ce jour ou le jour précédent que les drains m’avaient été retirés, quel soulagement déjà sans ces drains !

Là, il s’est passé un épisode bizarre. J’avais donc été trois jours sous morphine. Lorsque les infirmières ont refait mes pansements, tout s’est passé normalement. Et bien moi, j’étais persuadée qu’elles m’avaient amenée dans un bâtiment annexe, qu’elles m’avaient posé des pansements avec des formes particulières, et de couleurs particulières…Des pansements en forme de nuages, bleus, roses, etc…A un moment je leur ai demandé dans quel service je me trouvais, elles m’ont dit que nous étions toujours à Belledonne, et qu’elles allaient simplement me monter dans ma chambre…

Je suis donc montée en chambre 422, au service cardiologie, 4ème étage. La vue sur la chaîne de Belledonne était magnifique, j’étais si heureuse de me trouver enfin au calme, dans ma chambre !

vue de ma chambre , belledonne

Je crois me souvenir que l’on m’a même apporté un plateau repas, que j’ai dévoré comme d’habitude. J’étais toujours sous contrôle par des machines, mais on m’avait enlevé la sonde urinaire, j’avais donc à disposition un fauteuil troué dans ma chambre. Car pour me lever ce n’était pas encore possible, les fils me reliaient à une perfusion d’héparine, à un pacemaker extérieur, j’avais comme un faisceau de fils qui sortaient du pansement sous la poitrine. Donc, lorsque je voulais me lever pour aller m’asseoir dans le fauteuil, je devais porter tous ces fils, car dès qu’une électrode était débranchée, cela bipait chez les infirmières.

J’ai reçu la visite de ma maman de mon chéri et de mon ptit frère cet après midi là, quel bonheur! j’étais un peu sur mars qd même, car j’ai fait une tentative de sortie en emportant avec moi tous mes fils, car j’étais persuadée que ma famille ne trouvait pas ma chambre, et que je les entendais parler dans le couloir…merci mdame morphine …

12 mars…J + 2

Le jeudi 12 mars, les infirmières m’ont également installée dans un fauteuil pour accueillir mon chéri. Bon il était content de me voir là, je ne suis pas restée longtemps car je fatiguais beaucoup, je tenais mon thorax avec mes mains posées dessus, je tremblais un peu, et mon discours était saccadé. J’en étais donc à mon deuxième jour de morphine. Le soir, je me souviens que les infirmières m’ont apporté une floraline, sans sucre bien sûr, je n’ai avalé que quelques cuillères, il me semble qu’il y avait une compote que j’ai appréciée, elle.

Pendant ces jours en réanimation, j’ai eu plusieurs radios, des échographies aussi, le cardiologue est passé me voir ainsi que le chirurgien.

La dernière nuit en réa a été « blanche » car la mamie d’à côté n’a pas dormi de la nuit, elle appelait au secours, criait après les infirmières, n’arrêtait pas de se lever avec le risque de tomber, je la surveillais d’un œil, malgré le cachet donné par l’infirmière je n’ai pas dormi de la nuit. J’avais 8 de tension, je me sentais épuisée.

11 mars 2009, toujours en réanimation

Dès le lendemain, j’ai bien entendu la personne qui se trouvait derrière le paravent, une dame âgée d’après le son de sa voix, qui disait qu’elle voulait monter dans sa chambre, qu’elle ne voulait pas rester à côté d’un mort ….le mort en l’occurrence …c’était moi ! Car elle n’entendait pas le son de ma voix, et l’anesthésie avait visiblement bousculé un peu sa raison. Dans ma tête je souriais, et je me disais « mais non mamie, je ne suis pas morte, je suis vivante justement, c’est fait , l’opération est derrière moi ! ».

J’ai appris en entendant les infirmières que cette dame avait été opérée en fin de journée, la journée précédant la mienne. Eh bien je vous assure, j’étais stupéfaite de l’entendre parler si vigoureusement, moi qui n’arrivais à émettre que quelques sons discrets. Elle râlait, voulait qu’on l’installe dans sa chambre, elle refusait de rester dans « ce taudis » disait-elle, de plus à côté d’un mort…Quand une infirmière lui a proposé de boire quelque chose , un café ou une tisane, elle a refusé en disant que c’était inadmissible qu’on ne lui serve que cela à manger…Sa fille est venue la voir, et la vieille dame pour cette occasion a été assise dans un fauteuil, donc à peine 2 jours après son opération ! Je ne sais pas ce qu’elle a  eu exactement : pontage ? Remplacement ou réparation de valve ? je ne sais pas, mais en tous cas il fallait l’entendre parler avec sa fille, c’était incroyable ! Elle disait aussi qu’elle n’avait absolument pas mal, moi je n’en croyais pas mes oreilles ! On m’avait dit que vu « ma jeunesse » je me remettrai beaucoup plus vite ?!

Mon chéri est venu me voir, je parlais d’une voix chevrotante, je tenais mes mains sur ma poitrine comme pour protéger cette zone de mon corps. Il n’est resté que quelques minutes, je n’arrivais pas à parler correctement et je sentais mes yeux se fermer malgré moi.

Les infirmières ont tenu à me faire une toilette…elles m’ont aidée à me laver les dents, elles ont nettoyé mon corps, du moins les endroits accessibles, elles sont mêmes arrivées à me laver le dos en me faisant mettre sur le côté en me tenant bien le thorax avec mes mains. Quelle aventure, mais cela faisait du  bien tout de même, mais j’appréhendais malgré tout ces changements de position, ces manipulations.

J’ai eu la visite du kiné, qui a tenté de me faire respirer à fond, c’était quand même encore difficile. Il m’a donné une sorte de bouteille, dans laquelle il y avait un tuyau, et il fallait que je souffle dans ce tuyau pour faire des bulles, l’objectif étant de rééduquer mon diaphragme, et de faire que mes poumons (qui avaient été légèrement écrasés par l’opération) puissent fonctionner à nouveau comme avant. Le kiné m’a demandé de faire cet exercice plusieurs fois par jour, et m’a dit qu’il reviendrait me voir le lendemain.

J’avais donc un pansement large sur le sternum jusque sous la poitrine, et un  » gros  »  pansement sous lequel je sentais un paquet de fils sur le ventre juste sous la poitrine. Un gros pansement à l’aine droite aussi, je ne savais pas ce que c’était, j’ai appris ensuite que c’est par là qu’avait été raccordée la machine qui a remplacé la fonction du cœur pendant un temps, la « circulation extracorporelle ».

Et bien sûr un cathéter au poignet gauche, des fils et des fils …Patienter, il fallait patienter, ne pas paniquer, ne pas s’énerver, mais patienter, je savais que j’étais couchée là pour 3 jours dans cet univers de la 6ème dimension…Tout le personnel était aux petits soins, je n’avais qu’à biper et une infirmière était à mon chevet dans les minutes qui suivaient.

J’en profite pour remercier ici cette formidable équipe, toutes et tous font un travail exceptionnel, j’ai une admiration et une reconnaissance immenses envers cette équipe de « réa » ! On oublie souvent de remercier ces personnes car elles sont automatiquement associées à une période difficile de notre passage à l’hôpital, et pourtant, quel boulot elles font !


10 mars 2009 jour J opération de bentall

Donc, le mardi 10 mars, vers 5h30, l’infirmière est venue me réveiller pour que je prenne ma douche à la Bétadine, que je me rince encore la bouche à la Bétadine également. J’ai enfilé la jolie blouse blanche avec des petits motifs triangulaires bleus, j’ai enfilé les chaussons de protection, puis l’infirmière m’a badigeonné littéralement de Bétadine, sur tous les côtés, comme un poulet qui va passer au four…Puis elle a caché mes cheveux dans une charlotte.

Entre temps, elle m’avait redonné « un petit cachet », mais j’étais consciente de ce qui se passait autour de moi. Elle m’a alors demandé de m’allonger sur le brancard, et nous avons quitté la chambre pour l’ascenseur qui menait au bloc opératoire. Je me souviens de ce plafond avec des ronds, tout en alu, très design. Bien sûr je n’étais pas rassurée, mais je n’éprouvais pas de véritable peur. Je me disais «  ça y est, depuis le temps qu’on en parle, ça y est, tu vas toucher au but ».

Le Bloc opératoire.

Que de monde pour moi ! Des infirmiers, des infirmières, qui préparaient chacun ce qu’ils avaient à préparer, l’anesthésiste m’a parlé très gentiment, m’a dit qu’elle allait m’injecter à nouveau un calmant. Je me souviens que la personne disait que j’avais dit que je faisais 63 kgs, et là j’ai dit « non, à ma dernière p pesée je faisais 65 kgs car cette dernière semaine je me suis lâchée sur le Nutella… »

L’anesthésiste a souri en disant qu’à 2 kgs près il n’y aurait aucun problème, la dose était la même…

Puis un infirmier au dessus de moi m’a dit «  madame vous allez maintenant respirer dans ce masque, et vous endormir tout doucement ».  Et je me suis  endormie, confiant mon corps à une équipe médicale en qui j’avais mis toute ma confiance, et notamment en mon chirurgien, le docteur Eric Arnaud-Crozat.

L’opération a duré plus de 4 heures. Le chirurgien a rencontré mon chéri après l’opération à la cafétéria de la clinique pour lui dire que tout s’était  bien passé, que je me trouvais en réanimation. Mon chéri a donc pu rassurer toute la famille, en commençant par ma maman.

Je me suis réveillée je ne sais pas encore combien de temps plus tard, très calme, sous des lumières, sans ressentir de douleur particulière, sauf une gêne dans la bouche, j’étais encore intubée. Sensation bizarre, bouche sèche, à moitié ouverte, je ne sais pas combien de temps cela a duré avec précision, mais j’ai été désintubée rapidement. J’étais dans un état second, endormie mais consciente en même temps.

Je me suis rendue compte assez vite que comme on me l’avait dit, j’avais pas mal de tuyaux, raccordés à des appareils de surveillance, qui bipaient régulièrement. Un univers étrange, « la réa ».

Je n’avais pas conscience de l’heure, ce qui me préoccupait c’était de boire, j’avais la bouche desséchée, je somnolais bouche ouverte.

J’étais séparée par un paravent d’une autre personne dans la même pièce que moi. Tout était irréel, je n’avais pas la notion du temps, j’entendais les voix des infirmiers et des infirmières qui parlaient à haute voix, normalement. Des lumières  continuelles, des bips incessants. Je savais que ce moment serait le plus désagréable à passer, je m’y étais préparée auparavant. Mais ce que je n’avais pas prévu, c’était la compagnie de la douleur, à gérer avec la pompe à morphine. Pas une douleur aigue, mais une douleur diffuse dans le thorax, les jambes comprimées par des bandes de contention (pour éviter les risques de phlébite). Je me souviens que je n’osais pas bouger, tendre le bras vers le gobelet d’eau dès que j’ai eu la permission de boire était une aventure.

Je n’ai fait que somnoler, j’écoutais tous les bruits, mais je somnolais sans arrêt. J’avais en permanence dans les narines de l’oxygène, et une perfusion d’héparine je crois, un calmant.

Je n’avais pas faim, uniquement soif en permanence. Le chirurgien est passé me dire que tout s’était déroulé sans problème, et qu’il reviendrait me voir. J’avais du mal à garder les yeux ouverts, et ma voix était inaudible, je chuchotais en fait, je n’arrivais pas à trouver « le son ».

Vous vous demandez sans doute : avait-elle mal, ou bien la morphine et les calmants étaient-ils suffisant pour qu’elle ne ressente pas de douleur ?

Volontairement, je ne répondrai pas à cette question, car chaque personne réagit différemment à la douleur. Chaque organisme ne perçoit pas les mêmes sensations. Je ne me sens pas le droit tout simplement de dire si oui ou non j’ai souffert. Car des personnes vont lire ce blog, celles qui vont être opérées par exemple, et je ne peux dire qu’une chose : cette opération est qualifiée de chirurgie lourde, la voie thoracique est ouverte en deux, il est donc  évident que cela ne peut se faire sans douleur.

dimanche 8 mars 2009

Voilà , les choses se précisent. Mon sac est prêt, ma tête aussi, tout est prêt.

Je me sens toujours dans les mêmes dispositions, toujours positive et confiante.

Je pars vers 15h45 à la Clinique Belledonne, c’est « la dernière ligne droite »…

Je sais au fond de moi que tout va bien se passer et que je vais pulvériser les stats de la clinique et des opérés de Bentall….